Puits de dérive - Béquillage


Le puits de dérive ! En voilà un sournois dont on ne se méfie pas ... Et pourtant ! Prenez-le à pleine main et essayez de le faire bouger. Sur les bateaux anciens ou de construction "légère" la partie avant se déplace de quelques millimètres. Anecdotique me direz-vous ? Certainement pas, car si vous ajoutez à celà une dérive généralement mal calée, mal profilée ou trop souple (voir la rubrique ad-hoc dans ce chapitre), vous avez là un ensemble générant un effet de frein catastrophique ! Les vibrations, parfois perceptibles, sont autant de raisons de ralentir le meilleur des bateaux. Les remèdes sont (assez) simples à mettre en oeuvre, et sont parmi les plus efficaces pour obtenir un gain de vitesse appréciable.



bequille_derive

Principe :

Cette coupe au niveau de l'avant du puits de dérive montre le principe. Il s'agit de fabriquer deux béquilles (ou jambes de forces) de part et d'autre du puits.

Ici, (il s'agit d'un document extrait de la notice de construction amateur) la partie inférieure de la béquille s'appuie sur l'angle caisson/fond du bateau.
Pour les bateaux traditionnels, cette assise pourra être faite avantageusement sur le tasseau de jonction bordé/fond. Ce ne sera que meilleur, grâce à l'ouverture plus grande de l'angle de la béquille.
Le montage devra être parfaitement symétrique, et sera l'occasion de vérifier le bon alignement du puits.

Variante :

Regardez (très attentivement) la photo de ce bateau allemand.
Vous devinez le "béquillage" du puits. Ici, ce sont deux tubes alu, mais qui s'appuient sur le haut du caisson.
Là encore, la transposition aux bateaux tradis est aisée.
Mais cette solution n'est bonne que dans la mesure où il existe un renfort transversal rigide à l'intérieur du caisson.

bequille_derive-troeger


Pour ceux que la béquille rebute (note "Elle avait une jambe de bois ..." note refrain ancien connu) ...
...il existe d'autres solutions.
Regardez ce qui a été fait dans une construction amateur belge, aujourd'hui propriété de Luc.
Cette solution, très efficace, l'es tthéoriquement moins que celle des béquilles.
Mais, vous le voyez, elle présente d'autres avantages, notamment la possibilité d'être le support d'accastillages ... stratégiques.

bequille_derive_laga


Chacune des solutions suggérées ci-dessus présente des avantages et des inconvénients.
- Inconvénients : encombrement de l'intérieur de la coque, nécessité d'un travail minutieux et précis, ...
- Avantages : grande efficacité au niveau des performances du bateau, consolidation des structures de la coque, ...agacement garanti des copains, ...
MAIS, ATTENTION !!!!!
Tout ceci est bel et bien, mais ne sera complètement efficace que si vous complétez ce travail par un calage (haut et bas) rigoureux de la dérive dans le puits, et par l'adjonction de lèvres efficaces.
"Mais ceci est une autre histoire", comme dirait le poète anglais.

Profilage de la dérive


Désolé ! Vous n'avez pas le bon profil ...


Toute blague mise à part, lorsqu'on a décidé de s'attaquer à la confection d'une dérive, les difficultés commencent réellement après l'achat de la planche... Muni du règlement de jauge, que sait-on des impératifs de la construction ?

CENTERBOARD

Min Max
101 Thickness 18
102 Fairing 80
103 Does centerboard comply with dimensions ? yes no

En français clair et intelligible, ça veut dire qu'une dérive ne doit pas être moins épaisse que 18 mm, et que son profilage ne doit pas être effectué à plus de 80 mm des bords. Sachant que la largeur d'un puits de dérive doit être comprise entre 22 et 25 mm, vous avez tous les éléments en main pour vous faire une dérive parfaite... ou presque.

Lorsqu'on se penche sur les théories de la mécanique des fluides, on s'aperçoit de la complexité des choses, et de la grande quantité des paramètres entrant en cause.

Réglons tout de suite son sort au paramètre épaisseur.

Choisissez l' épaisseur minimale (18mm). Certes le calage dans le puits de dérive sera délicat à réaliser, mais la théorie et les essais (non ! Pas ceux de Montaigne, mais ceux de Pascal... Lebrument) rejettent l'intérêt d'un profil épais. Pour lebord d'attaque, compte tenu des paramètres de vitesse et d'épaisseur que nous connaissons, le profil suivant semble le meilleur.

x 3.3 6.7 13.3 20 28.8 40 53.2 88.5 80
y 2.3 3.9 5.3 6.3 7 8 8.6 8.9 9

derive

Le bord d'attaque sera arrondi, sur un rayon théorique de...1,35 mm. Pour le bord de fuite, le profilage est moins déterminant et pourra être linéaire sur les 80 mm tolérés. Mais, me direz vous, un bord de fuite pointu est terriblement fragile ! Exact ! Là encore la théorie nous aide. Il n'y a aucun inconvénient à chanfreiner la fuite jusqu'à conserver une épaisseur de 3 mm maximum. Regardez le "pan-coupé" à l'arrière de certains cabriolets sportifs pour vous convaincre de la validité de la solution. Quant à la finition de l'ensemble, là encore elle est primordiale. Le gain de l'ensemble ? Faible, très faible. Un calcul grossier montre que, au bout d'une heure de navigation à 5km/h en ligne droite, elle est de l'ordre de 50 cm, par rapport à une dérive simplement arrondie à l'avant. J'en vois, au fond de la classe, qui pouffent. Quant aux régatiers, ils arborent généralement un sourire crispé lorsqu'on évoque le sujet...

Sangles de rappel


Les sangles : aide ou torture ?


Traduction du néerlandais

Les sangles : c'est un sujet pénible. A l'aide de ces sangles, les régatiers se tordent dans les posi­tions les plus impossibles et les plus pénibles, afin d'aller plus vite (un peu). Si l'on persiste à régater, il faut subir cette torture, mais l'emplacement, la position des sangles peuvent épargner de l'énergie (et des courbatures). Tous les régatiers ont une tendance masochiste, sinon ils ne navigueraient pas au froid et par gros vent, et tourmentés par les sangles. C'est pourquoi j'écris cet article, sur la façon dont on peut domestiquer les sangles. Les Vauriennistes masochistes ne doivent pas le lire ou alors ils doivent faire le contraire. Pour étudier la disposition des sangles, il faut d'abord considérer la manière de se porter au vent (de se mettre au rappel). Je parlerai d'abord des allures du près et ensuite des allures portantes (si je dis des bêtises, je demande aux experts de me corriger).

A - AU PRES

La position en rappel au près doit être autant que possible une position passive et statique. Cela est nécessaire, parce que les muscles reçoivent peu de sang (sont mal irrigués) car les vaisseaux sont pincés par le pont. II y a 2 façons : la façon «SOLING» et la façon «FINN» (voir croquis)

sangles2

1. Façon «SOLING» (croquis 1)

Cuisses et fesses contre le bor­dé du bateau, liston à la saignée des genoux. Ce n'est pas très efficace parce que le centre de gravité n'est pas très éloigné du bateau. Il est difficile de «rentrer» lorsque le vent mollit et les personnes de grandes tailles ont les fesses dans l'eau.
Cette position n'est pas fatigante, les vaisseaux ne sont pas pincés ; elle est commode pour des Vauriennistes de petite taille.

2. Façon «FINN» (croquis 2)

La courbe des genoux fait un angle d'environ 90°. Les muscles des jambes sont détendus (autant que possible) ; le dos est courbé. Le centre de gravité est plus éloigné du bateau (rappel efficace) et il est plus facile de «rentrer» lorsque le vent s'apaise. Par contre la circulation dans les membres inférieurs est mauvaise et il faut éviter de se servir des muscles des jambes, car la gêne est plus importante s'ils sont tendus. Cependant la façon «FINN» qui est la meilleure pour le Vaurien aux allures du près.

B - ALLURES PORTANTES

Aux allures portantes la position doit être plus dynamique, puisque barreur et équipier doivent changer constamment de position pour rééquilibrer le bateau. Il est difficile de décrire une technique, l'essentiel étant de déplacer le plus vite possible le poids nécessaire à cet équilibre, de plus les bords d'allures portantes ont des durées relativement courtes. La position dynamique s'impose inéluctablement, surtout qu'un déplacement d'avant en arrière et inversement est aussi nécessaire afin d'éviter au bateau d'enfourner (mettre le nez dans la plume : l'étrave s'enfonce dans l'eau et le bateau devient moins docile à la barre. La position en arrière favorise d'ailleurs le planning.

C - LA POSITION DES SANGLES

sangles3

sangles4

Quelles sont les exigences pour la position des sangles ?

II est très important que bar­reur et équipier disposent de sangles indépendantes. S'ils utilisent la même, il est impossi­ble qu'ils «rappellent» tranquillement et sans tension. Il est donc nécessaire d'installer 2 paires de sangles. Elles doivent être fixées en dehors de l'axe du bateau. Si les sangles sont dans l'axe, il est difficile de placer les pieds dessous. Les pieds ont en outre tendance à glisser et afin d'éviter de tomber à l'eau, ils doivent faire au moins un angle droit avec la jambe (croquis 4). C'est fatiguant car cela demande beaucoup d'énergie et la circulation du sang est mauvaise.

Il est indispensable que la partie avant des sangles soit fixée plus loin de l'axe du bateau, que la partie arrière, car alors barreur et équipier peuvent adopter la position passive pour le près, et aux allures portantes quand ils se sont déplacés vers l'arrière, il est plus commode de «rentrer». La fixation des sangles en B et D (croquis 3) ne doit pas être trop en avant ; cela «forcerait» les pieds vers l'avant, ce qui est incommode (croquis 6) et dans le clapot il faut reculer.

Compte tenu de tous ces arguments, la disposition des sangles comme sur le croquis 3 est satisfaisante et la plus favorable. Les lignes pointillées sur le croquis du dessous représentent des sandows qui maintiennent les sangles en position haute, afin que les pieds puissent passer rapidement dessous.

Il est indispensable que la partie avant des sangles soit fixée plus loin de l'axe du bateau, que la partie arrière, car alors barreur et équipier peuvent adopter la position passive pour le près et aux allures portantes quand ils se sont déplacés vers l'arrière, il est plus commode de «rentrer» La fixation des sangles en B et D (croquis 3) ne doit pas être trop en avant, car cela «forcerait» les pieds vers l'avant, ce qui est incommode (croquis 6) et dans les vagues et le clapot il faut reculer.

D - LA FIXATION DES SANGLES (croquis 3)


sangles8

Au point A la meilleure fixation est autour du banc de puits. L'extrémité de la sangle est fi­xée par une plaquette  en inox ou alu, bien vissée sur la face inférieure du banc.

Le point C comprend quelques oeillets fixés sur les raidisseurs du fond, mais tenant compte de la qualité de construction de certains chantiers, cette métho­de n'est pas valable toujours. En effet si un équipage lourd se met au rappel, il risque de «tirer» le fond du bateau vers le haut. Il vaut mieux utiliser deux lattes d'aluminium en profil T, fixées sur tous les raidisseurs de fond comme indiqué au croquis 7 pour le point D*. Dans ce cas la force est répartie sur tous les raidisseurs. Des trous peuvent être percés dans la partie verticale du profil T pour fixer les sangles à l'aide de petits cordages. Cette méthode s'applique aussi au point D. Le point D peut aussi être fixé au tableau arrière : percer 4 petits trous dans le tableau arrière pour y passer de petits cordages. La fi­xation des sangles par les petits cordages appelle quelques remarques. On peut évidemment faire une cosse (une boucle) avec l'extrémité de la sangle. Mais il n'est pas impossible que la sangle se déchire à l'usage, il vaut mieux replier l'extrémité de la sangle et la coudre solidement en formant une ganse dans laquelle le bout de cordage est passé (croquis 8). Attention, utilisez du fil imputrescible.

RÉGLAGE DES SANGLES

Le nombre des taquets pour le réglage des sangles étant libre, certains régatiers, qui pensent que la vitesse est proportionnelle au nombre de taquets, ne doivent pas s'abstenir d'en utiliser un grand nombre pour le réglage des cordages. Moi, je ne pense pas cela nécessaire et j'ai une invention séculaire : elle s'appelle le noeud. Si les cir­constances changent (un autre plan d'eau par exemple) on reprend les noeuds.

MATÉRIEL DES SANGLES

Elles doivent être larges afin d'éviter le pincement des pieds et imputrescibles cela va sans dire. Les sangles fournies par le chantier sont l'exemple d'un matériel mal adapté. Quelques-uns sont d'avis que les sangles doivent être de matériel doux, ça m'est égal : il faut toujours porter des chaussures en naviguant.

POUR ÉVITER LE PINCEMENT

Pour terminer quelques mots pour éviter le pincement des jambes.

1. Arrondir le bord intérieur du pont, autant qu'autorisé par la jauge
2. Porter un vêtement iso thermique ou coller de la mousse de caoutchouc dans le pantalon de voile à la saignée des ge­noux.
Mais le meilleur conseil : ne faites pas attention aux jambes, portez toute votre attention sur la marche du bateau et la tactique, faites de votre mieux et oubliez les jambes !
Maintenant il y a à bricoler. Ceux qui aiment le «pincement», la douleur et les mauvais résultats, ne doivent surtout pas suivre les conseils de cet article. Pour les autres, j'espère qu'ils seront utiles.

ROEL SNIEDER

Déflecteurs


Les nostalgiques de l'équipement à l'ancienne seront comblés à l'évocation de cette "panacée" des années 75. A l'époque, il s'agissait de limiter les quantités d'eau projetées à l'intérieur de nos Vauriens lors de navigations mouvementées (clapot ou fort vent). Voici ce qu'en disait un article de "Vaurien Infos" de 1974.

Coucou ! Les revoilà. Très utiles pour naviguer "confortablement" dans le clapot court, ils ne sont ni lourds ni embarrassants. On a pourtant tendance à les oublier...

deflecteur


L'équipier devrait les exiger, car c’est lui qui en est le premier bénéficiaire.
Ce modèle nous vient d'Espagne.
Son originalité : on peut les sortir en route sans aller à l’avant. La courbe extérieure est exactement le dessin du pont ; pour le reste on peut y mettre un peu de fantaisie. Il suffit qu’en positon rentrée, le bord extérieur affleure le liston.
Le point A est un pivot, donc un point fixe. (vis et écrou a oreilles non bloqués avec un joint caoutchouc comme frein.).
La forme de la gorge B pour l'ouverture est à calculer sur le bateau (vis et écrou à oreilles avec rondelle de friction).

Les déflecteurs, particulièrement astucieux dans leurs conception, se sont révélés être efficaces. Mais ils présentaient un certain nombre d'inconvénients qui les ont fait abandonner rapidement : fardage important, poids non négligeable, rupture de l'intégrité du contreplaqué, réserve d'humidité...

La généralisation des "vide-vite" (bailers) a accéléré la disparition des déflecteurs. Ce nouveau concept, basé sur l'évacuation de l'eau embarquée, s'est révélé être plus souple et plus efficace.