Nicolas Bérenger est l'entraineur des figaristes du Centre d’Entraînement Méditerranée. Son job est de les préparer pour les différentes épreuves du championnat de France solitaire dont le Figaro et la Generali Solo. 100 jours d’entraînement sont programmés entre le 1er novembre jusqu’au départ du Figaro. Nicolas est aussi interface entre les météorologues de Météo France avec qui nous travaillons toute l’année, et les coureurs. « Je transforme le discours techniques en situations concrètes pour les coureurs. » ajoute t-il. Vous allez voir dans cette vidéo de quoi il parle...
Peux-tu remettre en quelques mots cette sortie dans son contexte. Conditions de vent et de mer
Un jour de stage d’entraînement « comme les autres » ou presque. Flux de Sud-Est fort sur l’ensemble du bassin méditerranéen. Ce jour-là, le vent moyen était de 35 nds avec des rafales jusqu’à 44 nds. La houle était d’environ 3 mètres en provenance du SE à laquelle s’ajoutait un clapot désordonné de secteur Sud. On avait donc une mer très formée mais très mal ordonnée et assez courte comme souvent en Méditerranée. Xavier Macaire, skipper du bateau et Yves Le Blevec (barreur invité). naviguent à la pointe de l’Espiguette, la houle est moins grosse et la prise de vue écrase la perspective
Y avait-il un but précis à cette sortie en terme de navigation ?
Dès que l’opportunité se présente, nous profitons de ces conditions dures pour les coureurs : souffrir l’hiver et en entraînement permet d’être plus à l’aise lorsque ces conditions se présentent pendant les courses. Nous avons travaillé les réglages des voiles sur un long bord de près d’environ 15 milles : comment régler le foc en harmonie avec la GV dans le vent fort et avec cette mer, quel choix de voiles faire. Je tiens également à ce que les coureurs soient de bons barreurs dans toutes les conditions. L’idée est de travailler sur la connaissance du bateau, son utilisation, l’aisance à bord, la capacité à aller vite… Le bord de portant, même s’il est vécu différemment de par le plaisir qu’il procure, fait partie intégrante du travail. Des victoires d’étapes de Figaro se sont déjà jouées sur de longs bords sous spi dans la brise. Les coureurs doivent connaitre les limites du bateau ainsi que leurs propres limites et capacités à gérer et encore une fois, ils doivent savoir aller vite dans toutes les conditions.
Le regard de l'entraineur sur cette figure ? Vous avez débriefé tous ensemble ensuite ?
La figure est belle. Mais la vidéo est surtout là pour nous permettre de mettre le doigt sur ce qui va ou sur ce qui ne va pas. Dans ce cas précis on est exactement dans le schéma typique d’une catastrophe aérienne : il s’agit d’une conjonction de petits évènements et d’erreurs qui provoquent la sortie de piste. Les éléments extérieurs sont : une vague courte que le bateau rattrape, une accélération du vent, une accélération du bateau sur la vague précédente. Les erreurs de l’équipage : le ballast n’étaient pas encore vide et sa position au milieu du bateau a provoqué un transfert de masse vers l’avant quand le bateau a ralenti dans la vague, une trajectoire trop basse, trop abattue pour tenter d’éviter un empannage qui rend le bateau moins réactif, plus en « danger », une écoute de spi pas prête à être choquée, un matossage négligé… Certains vont me trouver dur mais mon rôle est d’être exigeant, la mer nous le prouve encore cette fois. Il y a plusieurs points positifs et notamment 2 principaux : rien n’a cassé sur le bateau mis à part une mauvaise réparation de la pantoire de halebas de tangon qui avait cassé 2 jours auparavant ; et je mettrais en avant le comportement de l’équipage qui « fait le job » avant en envoyant le spi, en attaquant puis après en tentant de très vite remettre le bateau sur ses rails pour perdre le moins de temps possible sur les adversaires, les gars sont restés concentrés.
Thierry Seray / Bateaux
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