Bonjour,
Le Vaurien en solo est tout à fait possible et très agréable. Au dessus de force 3 c'est physique, à partir de 5, c'est super... flipant, mais on peut tenir, à condition de bien préparer le bateau. En fait d'ailleurs, à force 5 ou 6, quelque que soit la préparation, ça ne change plus grand chose, il n'y a plus qu' à prier et tenir bon. C'est bien pour envisager ses possibilités maximum et celles du matériel, sinon, ce n'est pas agréable, le stress de se retourner passe par dessus le plaisir.
J'ai navigué en solo tout l'été dernier ( je pèse 62 kg) et je recommence cette année.
En pratique, il ne faut surtout pas bloquer l'écoute de GV pour une réaction au centième de seconde. C'est un peu pénible au début car la peur de chavirer est très présente et on a tendance à garder le bateau à plat. Dans la réalité, le Vaurien, du fait de ses formes permet un angle de gite très élevé et impressionnant quant le mat est quasiment à l'horizontale. Mais une fois calé du le coté, il ne va pas tellement plus loin. J'en ai été emerveillé et surtout rassuré.
Au niveau équipement, prévoir un seau pour vider la baignoire si on se retourne et des coinceurs d'écoute de GV à porté de main sur le plat bord. Après tout le matériel adéquat de sécurité et surtout attaché car tout seul, on est moins manoeuvrant pour aller récupérer une écope qui est tombée à l'eau. J'ai également un système très simple d'affalage de foc pour les arrivées délicates au bord. Cela permet de se concentrer sur une seule voile, c'est plus simple. En fait le seul problème sans solution, c'est la dérive sabre, c'est le seul handicap pour la nav solo. Relevée trop tot au bord, vous êtes bon pour faire un autre tour pour rien, et relevée trop tard, c'est poteau !! ( copyright Vincent Riou, hilare sur la plage, moi la tête dans le fond du bateau).
Navigation, on parle navigation solo, mais attention, une chose peut vous empècher de pratiquer: c'est qu'avant et après, il faut tirer le Vaurien sur la plage, même avec une remorque, c'est pas évident. C'est d'ailleurs le plus mauvais moment en solo si on n'a pas un coup de main, et qui fait des fois renoncer à sortir quand on sait que l'on va rentrer tout seul à marée basse à 20h30 sans personne sur la plage.
Au niveau améliorations plus ou moins spécifique pour le solo, je dispose personnellement d'un foc plus petit qui est toujours dans le bateau si le vent monte. J'ai confectionné une barre d'écoute tout a fait rudimentaire ( du bout) pour garder le bateau le plus à plat possible. J'ai rajouté un cunningham et un hale bas pour mieux maitriser la GV. Je ne l'ai pas mentionné mais un stick de dimension convenable est évident. Egalement un système de vide vite est fortement conseillé.
On est obligé quand il y a du vent de naviguer avec la dérive très relevée pour giter moins. En solo, c'est quasiment la règle permanente.
Je compte fabriquer une autre dérive plus courte et lestée d'une tole de 6 mm de galva pour les jours de vent. Et (les puristes pardonnez moi) je vais tenter de convaincre mon voilier de m'installer une bande ris sur la GV que je compte utiliser au dessus de force 4. J'ai trop peur du phénomène de torsion du vit de mulet si je roule la bome, puis je perd mon hale bas dans ce cas.
Autre chose, j'ai travaillé pas mal sur un système de ballast, mais trop compliqué à manipuler tout seul. La nuit dernière, j'ai cru trouver autre chose, mais trop peu de poids ajouté par rapport à la gène occasionnée par les vides vites. Ce serait pourtant LA solution idéale pour le solo.
On pourrait écrire des lignes et des lignes sur le sujet, mais pour résumer, ce n'est pas le double de prudence, par rapport à la nav à 2, c'est le triple. Rester avec d'autres voileux sur l'eau, pour la sécurité. Mais c'est un réel plaisir, je confirme.
Puis dernièrement, ne pas se sentir rabaissé quand tous les super catas et les planches à voiles vous regardent d'un air dédaigneux au passage, qu'ils sont tous avec leur combi flashi, les lunettes de soleil au rappel en seigneur. j'ai eu plusieurs occasions de le constater. Par contre ils vous regardent d'une façon encore plus curieuse à force 6, quand tous les catas sont sur le dos, que les 470 ont eu peur de ressortir, et que vous êtes le seul à l'endroit qui arrive encore à ramener en remorque les dériveurs en difficulté. C'est pas que vous êtes un dieu, vous avez juste été plus prudent que les autres.
Je termine ainsi: vive le vent, vive l'eau salée et vive le Vaurien.
Stefan