C'est parti !

Vous vous souvenez que, l'an passé, j'avais essayé de vous relater les faits et gestes de nos participants au mondial de Slovaquie.
La formule ayant eu du succès, je vais essayer de ré-éditer depuis l'Allemagne.
Certes, l'exercice n'est pas facile : concocter un texte alors que tout le monde dort n'est pas évident. Mais bon !
A l'heure actuelle, je pense avec émotions à nos compétiteurs en pleine panique.

- Alexandre ronge son frein à l'idée de ne pas dépasser les 80 en Allemagne. Pourvu qu'il ne se venge pas sur ses écoutes ...
- Thibault est paralysé par la peur de ne pas tenir son contrat. Cette année, il doit rentrer dans les 15 ... pour mieux être dans les 10 à Douarnenez.
- Quant à Fabrice, il finit d'aiguiser son sabre. La probabilité d'un hara kiri en pleine jauge augmente.
Bref, vous le voyez, tout va bien.

Allez zou. Samedi, tout notre petit monde sera sur place.
Et je vous dirai tout ... ou presque.



Vendredi 29 Juillet

Je démarre vers 9h30. Mon but : rallier Osnabrück pour une halte dans l'hotel Ibis local. Ma location ne débutant que demain, il ne me restera que 60 kms à faire et je pourrai être à pied d'oeuvre de bonne heure.
En fait, il est surtout prévu que Thibault nous rejoigne. Chose faite vers 20h30, où un bolide rouge fait son apparition
dans la cour de l'hotel
.

Son trajet a été perturbé par un ennui de remorque. Va falloir que j'en parle à Philippe (le papa). Dîner sympa, et vite au lit. Il s'agit d'être frais et rose demain pour affoler l'autochtone. (Chacun aura remarqué que j'avais mis ça au féminin ... et que je parle surtout de Thibault).

Samedi 30 Juillet

Thibault est parti en avance. Impatient, le bougre, de savoir à quelle sauce la jauge allemande va le manger.
Quelque part entre Osnabrück et Lembruch, mon téléphone sonne : Thibault. Le ton est agacé (...). La jauge, qui vient de débuter, s'annonce délirante de méticulosité.

A mon arrivée j'évalue l'étendue du désastre, malheureusement prévu. Je vais éviter de mettre ici en cause les personnes. Simplement nous venions de faire un brillant retour en arrière d'une bonne quinzaine d'années... époque révolue, où la jauge se faisait au millimètre. Les bilans de l'époque étaient faits sur la base du nombre de boites de Syntofer utilisées ; le temps passé (perdu) à cet exercice était de l'ordre de grandeur de celui passé sur l'eau. Bref !


Le Club, avec, au premier plan un chapiteau sous lequel on devine les premiers bateaux en phase de jauge.

Pas mal de vent : 15 à 16 nds. Froid, couvert.
En début d'après-midi, Alexandre et Fabrice sont arrivés ... prétendument en bonne forme !
Pendant que les jaugeurs poursuivent leur industrie coupable, nos trois équipages s'inscrivent. Sans problème, et c'est rare !
Il est trop tard pour qu'ils aient la moindre chance de passer à la jauge. Ils sont trop loin dans la file d'attente. Les jaugeurs ayant tellement perdu de temps à pinailler qu'il reste une vingtaine de bateaux à passer dont les 3 notres.
Demain sera donc un autre jour.
Alors (ce sera ça de gagné !) ils en profitent pour faire jauger leurs voiles. Là au moins, les jaugeurs ont parfaitement compris ce qu'est "l'esprit" d'une jauge. Nos 3 équipages n'ont aucune difficulté à passer ce premier obstacle.

A priori les premiers XNautica sont passés sans encombre : nous croisons les doigts pour qu'il en soit autant pour ceux de Thibault et de Fabrice. Quant au Roga d'Alexandre, nous verrons bien.

Allez hop ! Quelques illustrations pour la route... et... à demain ...!...


Nos trois équipages à l'inscription.

Le premier X-Nautica portugais à la jauge.
Le "grand-frère" des deux notres est passé "comme une lettre à la poste".
De bonne augure pour demain ?!

Jauge des safrans & dérives

Jauge du tableau arrière

Dimanche 31 Juillet

Nous y sommes. Le moment tant attendu (et redouté) est arrivé. Nos bateaux vont passer à la jauge.
Première constatation : la jauge se déroule sur un tout autre rythme. Y'aurait eu "explication de texte" au niveau des jaugeurs que ça ne m'étonnerait pas outre mesure !
Il est 11h, et le Roga d'Alexandre passe sans encombre. Un véritable charme !
Dans la foulée, le bateau de Thibault. Pareil. Tout est correct. Sauf que ... Sauf que Thibault veut naviguer avec des voiles ne portant pas le numéro de série de son nouveau bateau. Et là, ça coince. Conséquence : sa feuille d'émargement n'est pas signée.
Même punition, même motif pour Fabrice, qui, en plus devra rehausser son safran de 3 mm, une broutille réalisée avec des cales.
Mais l'histoire des numéros de Fabrice et de Thibault a eu du mal à passer. Le jaugeur s'obstine.
Et, le moment que vous attendiez tous s'est produit. J'y étais ! Tout grognon qu'il a été le Thibault.
"Pisque c'est ça j'retourne chez ma mère", qu'il a dit au jaugeur très en colère (pas le jaugeur, Thibault).
Et puis les choses se sont calmées ... spontanément (!...). Il a suffi de sortir le bon article du bon réglement pour que le jaugeur reparte la queue entre les jambes. Au dernières nouvelles, la femme du jaugeur a fait également la gueule.

 

Les français vous saluent bien !
Question : quel est le détail anachronique de cette photo ?
Celui qui trouve gagne la considération générale

Vers 14h, le temps de casser une petite graine, et tout notre petit monde a pu mettre à l'eau ... et en tirer les enseignements qui ne manqueront pas d'être utiles demain dès la première manche.

A 16h (en réalité vers 16h 45 ... ), la sempiternelle cérémonie d'ouverture, et son lot de discours.
Je passerai avec la délicatesse sur la chaine d'amité au son de Michael Jackson (...), pour retenir une jolie présentation des équipes des 10 nations présentes.

Alex met à l'eau.

La présentation des équipages français

Voilà pour aujourd'hui.
Demain 9h, réunion des team-leaders, et, à 11h 50, premier départ.
Que la fête commence !


Lundi 1er Août

A l'attaque ! C'est le grand jour. Bientôt les fauves seront lâchés.
A 9h, votre humble serviteur, déguisé en team leader se présente à la réunion ad-hoc.
Bon. La règle du pavillon noir (ceux qui, parmi vous ne savent pas vont devoir se renseigner ...) va s'appliquer dès le troisième rappel généraL Rien que de très classique. Rien d'autre, ou presque.
Pour l'instant, le plan d'eau ressemble à un immense miroir, où seuls les canards sont habilités à faire des rides.
Mais il est prévu que le vent se lève à midi. Ceci tombe bien : le premier départ est prévu à 11h 50.

Par conséquent, à 18h, le verdict tombe : annulation des courses pour la journée.
Journée foireuse, mise à profit, pour certains, pour mettre les lèvres à leur puits de dérive, et pour d'autres à s'humidifier le gosier. (J'en connais même qui ont fait les deux).

Vivement demain ! Le grand sorcier va-t-il faire se lever le vent ?


Mardi 2 Août

Du vent, du soleil : ça sent bon la journée de navigation ... et la crème solaire.
De ma fenêtre, le lac se présente très lègèrement venté. Ça va être bon.
Le premier départ est prévu à 9h 50.
A 9h 15 les premiers bateaux mettent à l'eau.

Il fallait s'y attendre : les deux premiers départs on donné lieu à rappel général... et donc à utilisation du "black flag". Comme de bien entendu, le troisième départ fut le bon.

Bien. Je ne vous décrirai pas par le menu les 4 manches qui se sont faites.

Une chose est certaine : près de 7 heures plus tard, lorsque les bateaux sont rentrès, on a noté une fatigue certaine de nos représentants.


Thibault en a fini

Et alors, me direz-vous ?
Pour faire simple, je dirai que nos 3 équipages figurent (à peu de choses près) dans le troisième tiers du classement de la journée.


Ma remorque, Martin. Vite !

Agathe s'est enfuie.

Décevant ? Sans doute, MAIS ! Aucune trace de résignation. Au contraire, beaucoup de réalisme, et de compréhension de nos lacunes.

En gros :
- La technique du départ : le départ en "second rideau" est une catastrophe dont on ne se remet jamais à ce niveau.
- La pauvreté de notre calendrier en matière de vraies régates ne permet pas d'acquérir une expérience suffisante, qui permet, par exemple d'appréhender les particularités des plans d'eau, et de générer des options personnelles.
- Le manque d'expérience, donc, qui ne permet pas d'oublier la conduite du bateau au profit des options ou des tactiques
- L'absence d'agressivité, car, ne l'oublions pas, la régate consiste à battre des adversaires. J'ai assisté à une discussion surréaliste où il était décrit comme saugrenu ou gênant le contrôle des autres. "Mesieurs les anglais, tirez les premiers".

Bref, on le voit, tout tourne autour de notre manque d'expérience cumulée.
Alors, que dire de ce qui va se passer à Douarnenez en 2012, où une bonne moitié de nos représentants se présenteront totalement inexpérimentés ?

Allons. A chaque jour suffit sa peine.

Au moment où j'écris, le départ de la seconde manche du jour (Mercredi) va être donné.
Allez, Gérald, on parie ? Les résultats vont être meilleurs.


Mercredi 3 Août.

Aïe ! J'ai bien l'impression d'avoir perdu mon pari avec Gérald. Oui, les résultats sont décevants. Nous n'arrivons pas à quitter ce satané troisième tiers du classement. Il y a même une légère régression de Thibault.
- Fabrice se rend bien compte à quel point les départs sont importants, et qu'un paquet de bateaux aux Moutiers n'a rien à voir avec 66 bateaux ayant tous la même vitesse , et de meilleures expériences que nous.
- Alexandre en est à la phase (que nous avons tous connu) des réglages à améliorer. Prendre un trou de latte de cadène, cintrer le mât... Nous savons que c'est la pire des choses que de gamberger sur ce point.
- Quant à Thibault, il constate que sa vitesse est conforme à celle des autres. Il incrimine, je crois à juste titre, ses manoeuvres, et, notamment ses virements de bords.

Que font-ils ?
Eh bien, la même chose que vous. Ils regardent le blog !

C'est que, dans ce type de régate, la moindre hésitation coûte très cher.
Certes, le niveau de ce championnat n'est pas le plus élevé qu'il m'ait été donné de voir. Mais, avec le retrait des leaders espagnols ou italiens, la flotte se trouve être très homogène, et les écarts très serrés. Dans ces conditions, comment s'en sortir avec le peu d'expérience que nous avons ? Au moins aurons-nous évité le... "désagrément" des arrivées hors délais.
Une chose est certaine : nos trois équipages sont en train d'engranger beaucoup d'enseignements pour la suite. Ils vont ainsi se rapprocher de nos leaders ... dont je regrette fortement l'absence.
Allons. Deux jours de régates encore. On croise les doigts.

Jeudi 4 Août

Que dire ? Peu de commentaires.
Hormis une place honorable de Thibault, davantage dans ses cordes, la situation ne s'améliore pas vraiment. Et pourtant !
Pourtant j'ai le sentiment que la somme d'enseignements tirés de cette régate est importante.
Je n'ai pas été sur l'eau. Pas de bateau ; et, de toute façon, il eut fallu un bateau avec moteur électrique ! Mais d'autres que moi ont eu à loisir d'espionner nos équipages. Finalement, le constat est connu. Le manque flagrant d'habitude de ce genre de régate est rédhibitoire. Cela se ressent, notamment, au niveau des manoeuvres : empannages, contournement des bouées avec des paquets de bateaux, et SURTOUT, virements de bords. Ici, les pertes de places se font, non pas à l'unité, mais par dizaines. Un exemple. Hier, j'ai fait des chronométrages. Il s'avère qu'à la fin du premier triangle, l'écart entre le premier et le dernier était de l'ordre de 8 minutes. 66 bateaux en 8 minutes représente un "débit" important, où les bateaux, souvent en paquet, sont les uns dans les autres. Et quand on n'a pas l'habitude ...

Le camp de base ... au camping. Made in Appertland

En disant cela, je rejoins l'autre explication de nos lacunes. Le manque d'agressivité.
Dans ce domaine également, nos équipages ont été surpris.Il ne s'agit pas ici de jouer les fiers à bras, mais bien de considérer qu'une régate consiste essentiellement à éliminer ses adversaires dans le respect des règles ... que l'on se doit de connaître.

Vendredi 5 Août.

Comme la nuit dernière, il a plu. Ce matin, temps frais, et vent "établi". En un mot : ça pulse !
Et le drame est que, au moment où j'écris, je retrouve les mêmes criquets en tête de la course.

Voilà. Vous allez me pardonner d'arrêter là la relation de ce championnat.
Vous consulterez les résultats avec le lien donné par Fred sur le forum.

Ce fut une excellent championnat, en dépit de l'accroc du premier jour sans vent.

La configuration de Douarnenez sera fort différente. A nous de produire d'autres prestations de qualité.
Mais, comme dirait l'autre : "Ceci est une autre histoire".
Nous en reparlerons.
A bientôt.

JJ G