Petit résumé de cet excellent WE sur la Rance.
Samedi
11h00 : le bateau est attelé derrière la voiture, le soleil brille et le vent donne des signes de vigueur, d’ailleurs annoncée par la météo. Tout s’annonce pour le mieux.
12h00 : arrivée à l’école de voile de Plouër-sur-Rance. Les quatre autres représentants de l’AS Vaurien sont déjà là sur le pied de guerre. Yves et Marin, discrets mais efficaces à côté de Yvon et Fred, lesquels témoignent d’un style naturellement plus expansif. Yvon soignait ses réglages, remonté comme un coucou suisse alors que Fred ne cessait de déclamer à qui voulait l’entendre : « on va vous piler, on va vous piler !!!! ». Au vu du résultat de la navigation du jour, on est en droit de se demander si Fred évoquait bien la régate ou plutôt une partie de 421 dans un bar de Dinan ou le match de rugby Castres-Toulon. Comme il s’agit tout de même d’un vice-président, et par pure charité chrétienne, nous laisserons cette question en suspens. Sans oublier Jean-Pierre navigant courageusement en solo et Xavier équipé pour l’occasion d’Eric M. Cela faisait plaisir de revoir Xavier sur l’eau, de surcroît sur son terrain de jeu.
13h15 : les inscriptions sont faites et les bateaux gréés. Les paniers et autres glacières sont de sortie pour le déjeuner des guerriers. C’est d’ailleurs l’occasion d’apprécier la convivialité qui règne au sein de l’association des Vauriens : au signal tout le monde se regroupe et partage les victuailles tout en préparant une analyse très fine de la navigation à venir. En comparaison, dans la série des Wetas (une petite dizaine de bateau) chacun mangeait de son côté.
14h00 : la tension monte, le vent également. Sont également de sortie un 420 dont c’est la première sortie après rénovation, un 470 compétitif et un Moth Europe barré par un habitué (de la Rance et des podiums sur la régate des Zèbres). Ces derniers trouvaient nos vauriens jolies, se rappelant, comme souvent, des souvenirs d’enfance, sans s’inquiéter pour autant des performances de nos montures (ca changera !).
14h30 : on commence à tourner près de la ligne au milieu des habitables, des muscadets, des multicoques et des Wetas. L’attention est de mise car il est toujours audacieux de vouloir faire un tribord à un 10m de 5 tonnes même si certains d’entre nous n’ont peur de rien.
15h15 : Le troisième départ est pour nous. Courant contre nous et vent force 4.
Je joue le courant plutôt que le vent, ce qui me permet de prendre une avance assez confortable sur Yves. Il remontera sur nous après le passage des ponts. En arrivant dans la partie la plus dégagée de la Rance, le vent monte encore d’un cran. Avec Eric, on s’est dit que c’était le moment de se faire mal aux jambes pour gagner en puissance. C’est efficace et à la bouée au vent, le plus dur semblait fait : 100 m d’avance sur Yves, du moins le croyait-on ! Après avoir enroulé la bouée, le bateau rose envoie son spi de la même couleur et attrape une risée qui n’était pas sur ma route. Nous avons mis une heure à gratter 100 m sur le team Guegan et en moins de 5 minutes Yves et Marin rattrape leur retard et nous mettent 100 m dans la vue. L’écart se stabilise ainsi jusqu’à l’arrivée. Il faut que le team Hérail travaille le portant.
On gardera quand même le souvenir d’une longue descente sous spi plein vent arrière avec des pointes autour de 10 nds (GPS de Yves), parfois en serrant les fesses.
Pour amuser la galerie, nous dessalerons sous spi 50 mètres avant la ligne d’arrivée à cause d’une rafale traîtresse. Cela montre un sens aigue du spectacle.
16h45 : Les bateaux rentrent. Le 420 a démâté en raison de l’arrachement de la cadène d’étai, une des rares pièces qui n’avait pas été rénovée durant l’hiver. Ce sera réparé pour le lendemain.
Sur la cale, les propriétaires du Moth et du 470 regardent désormais nos bateaux différemment en s’étonnant de leur performance. En compensé : Yves est 1er et moi 2ème.
Les fortunes des autres bateaux sont diverses. On retiendra surtout que définitivement le gros sandow rouge, efficace pour attacher un cageot sur le porte-bagage d’un vélo n’est pas un moyen sûr de fixer les sangles de rappel d’un vaurien (n’est-ce pas Yvon !). En outre, on doit être admiratif devant la constance d’Yvon dans sa volonté inébranlable de remplir son bateau lors de chaque sortie. Je serai bien en peine de décrire la manœuvre qui a permis ce tour de force car je ne parviens toujours pas à visualiser le mouvement que l’équipage nous a pourtant décrit avec force détails.
Je resterai modeste vu notre manœuvre d’arrivée et propose d’ailleurs de moduler les résultats purement sportifs par une note artistique.
Dimanche
8h30 : du soleil mais pas de vent. On regrée les bateaux pour un départ vers 9h30. Comme la veille les habitables commencent en premier.
9h30 : Si le courant est favorable, le vent est plus tourbillonnant dans le goulet de départ. Yves s’en sort très bien et entre dans la partie large de la Rance avec beaucoup d’avance.
On tente un coup sur la droite du plan d’eau qui paraît meilleure et partant également du principe que lorsqu’on est derrière, il faut tenter quelque chose. On aura certainement rattrapé un peu le team Guegan.
10h40 : arrivée à la bouée au vent. Emotions garanties car les « petits" arrivent du sud pour enrouler la bouée sur babord alors que dans le même temps les « gros » arrivent du nord pour enrouler la bouée également sur babord. De l’extérieur, cela a sans doute donné lieu à un joli ballet mais le passage entre un 10 mètres en train d’affaler son spi et la bouée est assez impressionnant.
On failli faire le coup de la veille sous spi en trouvant davantage de pression toujours sur la droite du plan d’eau. Yves s’est fait quelque cheveux blancs mais il est finalement resté devant jusqu’au bout.
On franchi la ligne d’arrivée en regardant attentivement la tête de mât puisqu’un plomb et un hameçon pende de la potence de spi. Explication : au passage du dernier pont, nous avons accroché la ligne d’un pêcheur qui était sur un pilier. Petite frayeur rétrospective, si l’hameçon avait croché dans une voile.
12h00 : on range et on sèche les bateaux. L’équipage du 470, qui n’était pas manchots, s’interrogeaient sur la vitesse actuelle des vauriens en calculant et recalculant les ratings. Ils paraissaient presque plus désabusés qu’admiratifs.
13h00 : comme dans les aventures d’Astérix le gaulois, l’aventure se termine par un pique-nique pris ensemble. Cela montre l’importance de l’alimentation dans une sortie vaurien. Les régatiers disent que la clé du succès est constituée à 50% par le départ. En vaurien, la clé de réussite d’une sortie est pour 50% le pique nique. L’examen du repas montre également que le pique nique n’est pas préparé par nos épouses ou compagnes, le seul aliment se rapprochant le plus du légume vert étant les chips.
En résumé : toujours le même plaisir à se retrouver. Navigation dans des conditions idéales dans un endroit superbe avec un soleil radieux. Belle bagarre du début jusqu’à la fin. Cela valait le coup d’être présent.