Rédiger un article sur les barres de flèche relève de la mission impossible. En effet, ces "appendices" sont l’un des composants du mât, et on ne saurait être exhaustif sans évoquer l’intégralité du sujet mât+bôme+voiles et de leurs constituants : pied de mât, étambrai, cales, réglage de la bordure, cunningham, structure des lattes de voiles, etc …
Cependant, nous ne traiterons ici que des barres de flèche, renvoyant ainsi à d’autres articles existants… ou à venir.

Les barres de flèche n’ont pas un rôle passif. Elles sont, au contraire un moyen efficace et spectaculaire pour agir sur l’équilibre et la marche du bateau.
La théorie voudrait qu’elles soient articulées pour pouvoir optimiser leur pouvoir de contrôle du mât. Cependant, peu d’équipages utilisent cette méthode et préfèrent des ferrures permettant un réglage "discret" de l'angle d'ouverture.

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Il existe deux types de barres de flèche : les longues et les courtes (ou neutres).

1 – Les barres de flèche longues :
Elles dévient le hauban selon un angle fermé entre le capelage et la cadène.
Plus on étarquera la drisse de foc, plus la pression des haubans sur les barres de flèche sera importante. Elles pousseront le mât vers l'avant jusqu'à ce que les haubans soient tendus en ligne droite entre capelage et cadène.
Lorsqu’elles forment un angle très ouvert (voire plat), elles limitent le cintre latéral du mât par traction sur le hauban au vent. Mais attention ! Une telle barre de flèche, trop longue, peut avoir un effet néfaste, comme le montre l’illustration de droite.
Par contre, lorsqu’elles forment un angle fermé, elles favorisent le cintrage longitudinal, mais empêchent moins le cintre latéral.

2 – Les barres de flèche courtes :
Elles donnent au hauban un angle plat entre le capelage et la cadène.
Le fonctionnement est le même. Mais, dès le début de l'étarquage*, le mât n'est pas poussé vers l'avant. Il est au contraire immédiatement retenu par des barres de flèches.
Le cintrage du mât est alors confié à l'ensemble "hale bas+cales".
* NB : la jauge autorise d'abaisser la position du point de drisse du foc : ceci permet, lors de l'étarquage de ce dernier, de pré-cintrer le mât.


►         Le bon compromis pour un Vaurien équipé d’un mât "normalement souple" implique des barres de flèche assez courtes, mais pas neutres. La tête mât peut ainsi "effacer" les risées. La partie de l'espar sous le capelage accompagne le mouvement sans exagération. Le mât restant souple permet au bateau de passer dans les vagues et les surventes.
Dans cette hypothèse, une bonne longueur de barre de flèche peut être de 42 à 44 cm mesurés entre le hauban et la rainure du mât.
Pour un mât plus rigide, il sera avantageux de fermer légèrement les barres de flèche et de porter leur longueur à 46 cm.

Quelques enseignements en vrac :

  1. Quand on se procure des barres de flèche, vérifier qu'elles sont … trop longues. Il sera aisé de les raccourcir. Autre solution : acheter des barres télescopiques.
  2. Pour un mât souple, des barres de flèches courtes, l'empêchent de plier exagérément.

L'amplitude du mouvement de l'articulation (si elle existe) devra être plus grande pour un mât raide que pour un mât souple.

  1. Pour une grand-voile creuse, les barres de flèche doivent être plus longues que pour une grand-voile plate. Ce premier cas correspond à un réglage idéal dans le petit temps et en eau plate. Le cintrage artificiel du mât procure une bonne répartition du creux de la grand-voile sans pour cela agir sur la tension de la chute. L'écoute et le hale-bas peuvent alors jouer indépendamment leur rôle*.
    Dans les petits airs, il est également intéressant de ne pas caler le mât au niveau de l'étambrai.
  2. Lorsque le vent fraîchit, l'écoute sera plus fortement sollicitée. Il faudra alors contrôler le mât au niveau de l'étambrai (cales) pour limiter le cintrage.

*  N.B. : cette observation renvoie à l’utilisation d’un circuit d’écoute adapté, permettant de centrer la bôme sans faire d’effort sur l’écoute de grand voile.